On me demande souvent pourquoi la sémiotique ? Pourquoi avoir rattaché mon projet de thèse en design à la sémiotique ?
J’ai eu de vaste débat avec des doctorants, des docteurs en sociologie, en psychologie, en linguistique et des designer pour me convaincre de leur incompréhension de métisser le design, qui plus est le design de service qui parle d’usage, d’usager et d’empathie, avec la sémiotique.
J’ai proposé, pour exposer mon propos, mon point de vue de designer, l’analyse que j’ai faite sur les méthodologies et les processus de chacune des sciences avec qui j’ai discuté. Ainsi, le choix de cette science était en complète symbiose avec ma manière de travailler. Bref j’ai donné beaucoup d’exemples pratiques de ce que j’avais pu voir, percevoir et concevoir mais cela ne donna que peut de légitimité à la réponse du jeune chercheur que je suis.
J’ai donc cherché à apprendre de la sémiotique pour valider ma réponse.
Et ce n’est que récemment que j’ai trouvé la réponse, enfin une proposition de réponse à la question ?
C’est Ferdinand de Saussure qui m’a donné la réponse, dans un texte sur son cours de linguistique général. Il conçoit une science qui étudie la vie des signes au sein de la vie sociale. Je connaissais le médium qui sert à créer ces signes au sein de l’ordre social : le design, mais je ne connaissais pas la science qui peut comprendre la vie de ces signes que nous créons.
Cette science se nomme : sémiotique (du grec semeîon = signe) et se forme d’une partie de la psychologie sociale et donc de la psychologie générale. Elle nous apprend en quoi consistent les signes, quelles lois les régissent. Les lois que découvre la sémiotique sont ainsi applicables à la linguistique. Elle permet ainsi de comprendre ou de donner des pistes de compréhension à des systèmes de signes que nous créons volontairement ou involontairement et qui échappent à la langue. C’est Umberto éco qui le confirme en se référent dans son travail à de grandes inventions décisives dans l’histoire de l’humanité : la roue, la cuillère, le livre en bref du design…
Ces systèmes de signes sont ainsi comparable à un langage, une écriture, un alphabet, à des rîtes symboliques et influencent ainsi les civilisations.
Roland Barthes rajoute une pièce importante entre le design et la sémiotique, c’est d’élargir le champ d’étude non plus qu’aux seuls systèmes de communication mais aux systèmes de significations.
Car quand on designe, le langage ne dit pas tout pour voir, percevoir, ou concevoir un projet. Le corps parle, les objets parlent, l’histoire dans laquelle le projet s’incère parle, l’individu ou le collectif parle et interfère avec le projet.
Nous interprétons le projet, sans discontinuer par la multitude d’interactions, programmées ou non notre imagination, notre culture des signes qui nous entourent et nous pétrissent.
De ce fait quand on design un projet les signes sont partout : dans l’impact dans le mur en pierre, dans la forme d'une poignée, la courbure d'un siège, dans les informations sur le taux de longévité des startups en France, dans l’expérience x ou y de telle nouvelle expérience digitale, dans la démarche de tel ou tel personnage politique ou grand patron, dans les problématiques rencontrées par les nouvelles startups de la prochaine promotion, dans le rituel de l’intervenant en pitch ou en business design pour plonger le startuper dans ce nouveau monde, dans le logo de son projet, dans la musique qu’il veut utiliser dans sa vidéo de promotion, dans l’image crée pour son projet,… Cet ensemble d’informations nous permet de lire un ensemble, non plus de signaux, mais d’indices, de logiques, de ressorts, de forces pour mieux voir, percevoir et concevoir un projet.
Voici donc l’explication du choix de la sémiotique pour mon projet de recherche en design de service et d’innovation dans l’univers des startups.
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